La dégradation de la note de crédit de la France sans incidence sur le Cac 40 (2024)

La Bourse de Paris débute la semaine sur une note stable, avec un biais légèrement positif : +0,06% pour le Cac 40, à 7.998,02 points, à l’issue de cette séance de lundi. La dégradation de la note crédit de la France à AA- par Standard & Poor’s, vendredi soir, n’a eu aucune incidence sur le marché d’actions, ni même sur le marché secondaire de la dette. Le taux à dix ans auquel l’Etat emprunte s’inscrit même en légère baisse, à 3%. Le rendement à un an retombe quant à lui sous les 3,5%.

La note de la France, dans l’incapacité à limiter son déficit, reste néanmoins en catégorie d’investissem*nt (c’est le cas chez S&P mais aussi chez Moody’s et Fitch), plus exactement en sous-catégorie dite de « haute qualité », et sept rangs (huit chez Moody’s) au-dessus de la catégorie spéculative, celle dans laquelle sont logées les obligations jugées à risque important de défaut, que les investisseurs institutionnels, comme les assureurs, n’ont pas le droit d’acheter ou alors très peu.

« Contrairement à nos prévisions antérieures, nous estimons que la dette publique de la France augmentera pour atteindre environ 112% du PIB d'ici à 2027, contre 109% environ en 2023, a fait valoir Standard & Poor’s en rendant son verdict. Le déficit budgétaire de la France en 2023 a été nettement plus élevé que ce que nous avions prévu, atteignant 5,5% du PIB. Même si nous pensons que la reprise de la croissance et les réformes économiques et budgétaires récemment mises en œuvre permettront à la France de réduire son déficit budgétaire, nous prévoyons maintenant qu'il restera supérieur à 3% du PIB en 2027. »

« La dégradation de la note souveraine française par S&P ne nous apprend rien qu’on ne sache déjà sur l’état lamentable des finances publiques, réagit l’économiste Bruno Cavalier de la banque privée Oddo BHF. En 2007, avant la crise financière, la dette publique rapportée à la population française représentait 20.000 euros par personne. En 2023, c’était 45.000. Dans deux ans, ce sera 50.000 […] Bien que le budget 2024 fût obsolète dès mars, le gouvernement a refusé de présenter un budget rectificatif. Cela aurait été malvenu dit-on avant les élections européennes et les Jeux Olympiques. L’opposition qui pourrait arriver aux affaires en 2027 n’apparaît pas plus crédible, plutôt moins. Est-ce qu’un choc à la Liz Truss peut stopper la complaisance des marchés ? »

Cette séance de lundi a été très calme à la Bourse de Paris, les volumes d’échanges ont été très faibles, dans l’attente de la décision sur les taux d’intérêt de la Banque centrale européenne jeudi. « Tous les regards seront tournés vers la décision de la BCE, où nos économistes européens s'attendent à une réduction de 25 points de base, un scénario partagé par le marché avec une probabilité de 96%, explique Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. La Banque du Canada se réunit plus tôt, mercredi, et l'on s'attend à ce qu'elle maintienne sa position pour l'instant. »

Le pétrole sous les 80 dollars

Du côté des valeurs, on notera tout de même que la décision de Moody’s d’abaisser la perspective de la note de crédit de Société Générale (A1, soit la sous-catégorie « qualité moyenne inférieure » de la catégorie d’investissem*nt) de « stable » à « négative » a pesé sur le cours de Bourse de la banque (-1,4%). Société Générale ne pèse que 1% du Cac 40.

TotalEnergies, en repli de 1,6%, finit lanterne rouge du Cac 40 (sur lequel il représente une pondération de 8,4%) alors que les cours du pétrole retombent sous les 80 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord, au plus bas depuis février. La baisse de plus de 3% intervient « malgré la décision de l’Opep+ de prolonger ses coupes volontaires dans la production pour une période supplémentaire de trois mois », jusqu’en 2025, constate Samer Hasn, analyste chez le courtier XS.com. « L'organisation a [néanmoins] commencé à programmer l'arrêt de cette réduction », ce qui est venu raviver les inquiétudes concernant la surabondance de l'offre. Par ailleurs, la Corée du Sud a annoncé avoir potentiellement découvert d'importants gisem*nts de gaz et de pétrole au large de la côte est.

La chute des prix du pétrole s'est accrue dans l'après-midi tandis que l'indice ISM, publié à 16 heures, a fait état d'une nouvelle contraction de l'activité manufacturière aux Etats-Unis. Peu avant, sur le front géopolitique, les investisseurs ont appris quele Premier ministre israélien Netanyahu allait s'entretenir avec les membres les plus à droite de sa coalition sur la proposition d'uncessez-le-feu, une information qui a retiré une partie de la prime spéculative liée au risque d'un embrasem*nt au Moyen-Orient.

A Wall Street, Chevron abandonne plus de 2% sur le Dow Jones, qui baisse de 0,6%. Le S&P 500 lâche 0,13%, tandis que le Nasdaq Composite grignote 0,3%. Nvidia progresse de plus de 3% après avoir dévoilé, hier, une nouvelle génération de puces d'intelligence artificielle, Rubin. GameStop bondit de 25% après que le compte Reddit de l’ancien analyste financier Keith Gill, à l'origine de la folie des « meme stocks » en 2021, a publié une copie d’écran de ce qui semble être une position acheteuse de 116 millions de dollars dans le distributeur de jeux vidéo.

Ailleurs dans le monde, la bourse indienne a atteint de nouveaux records alors que le Premier ministre Narendra Modi est en passe d’être réélu pour un troisième mandat.

Au Mexique, la victoire écrasante de Claudia Sheinbaum (gauche) à l'élection présidentielle a pour conséquence de faire baisser le peso de plus de 3% face au dollar.